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Rénover un cuir...

D 2009     H 23:11     A Sébastien Canévet     C 5 messages


L’intérieur cuir d’une voiture ancienne est souvent sale et sec. Voici comment y remédier. La leçon est donnée par un maître en la matière, ou plutôt une maitresse : Sophie la bottière

Le cobaye est la Jaguar Mk10 de Chantal et Thierry

Les cuirs sont complets, pas déchirés ou presque (seulement trois petits accrocs) mais ils sont très encrassés, par des dizaines d’années d’usage. De plus, ils sont très secs..

Les opérations à effectuer sont la réparation des accrocs, le "nourrissage" le nettoyage et la teinture...

|ATTENTION|
|Chaque cas est un cas particulier, il convient donc de tester les produits et les techniques conseillés ici sur un petit morceau choisi dans un endroit discret, avant de les appliquer à toute la surface.

 Réparation des accrocs

Il est possible commencer par la réparation des accrocs avant de procéder au nettoyage mais ça ne permet pas de voir aussi bien ce que l’on fait.

Il est envisageable de dé-housser complètement les sièges pour intervenir mais pourquoi se compliquer la vie alors que l’on peut aussi intervenir sans rien démonter.

Démonstration (attention, ça parait simple mais Sophie a 25 ans de métier derrière elle :-)

Prenons l’assise du passager avant, par exemple. Un vilain accroc défigure le siège, pourtant en bon état par ailleurs...

L’artiste sort son matériel...

... et commence par tailler une pièce de cuir qui va venir renforcer l’assise là où elle est déchirée.

Il convient ensuite de "parer" le cuir, c’est à dire de l’amincir sur les côtés pour que la pièce soit imperceptible une fois posée. Un coup de tranchet, et hop !

Il faut ensuite glisser la pièce sous le cuir d’origine, en s’aidant au besoin de la "piquette".

Enfin, un petit pinceau permet de coller la pièce en passant par la déchirure...

Et voilà le travail, la déchirure se confond maintenant avec les craquelures du cuir.

Sophie estime cependant que les colles que l’on trouve couramment dans le commerce ne suffisent pas à assurer un collage suffisamment solide. Sa colle professionnelle est parait-il difficile à trouver.

 Nourrir le cuir

Cette seconde étape n’est nécessaire que le cas où le cuir est sec, pour un cuir bien souple, passez directement à l’étape 3 : le nettoyage.

Un cuir sec est un cuir qui meurt, un cuir à manipuler avec précaution, car il se déchire facilement, comme du carton. Il arrive même que le simple fait de s’asseoir dessus suffise à le déchirer. Il est pourtant possible de lui redonner vie.

Plusieurs produits existent. Nous en avons expérimenté deux : l’huile de pied de boeuf et la crème essentielle. Les deux donnent de bons résultats, mais Sophie a une préférence pour la crème essentielle, qu’elle utilise professionnellement depuis 25 ans.

De longs et patients massages à mains nues avec la crème essentielle finissent par assouplir le cuir, regonflent les fibres, lui conférant déjà un meilleur aspect. Il s’agit bien plus de masser le cuir que de le frotter. C’est important pour bien faire pénétrer à coeur le produit utilisé.

A ce stade du traitement, il ne faut pas avoir peur d’utiliser trop de produit : de toute façon le cuir rejettera le produit qu’il ne peut absorber. Vous ne pouvez donc pas trop en mettre.

Après ce traitement, le cuir est maintenant plus solide, donc à même de subir l’agression du nettoyage.

 Nettoyage du cuir

Tout d’abord, contrairement à une idée assez répandue, il faut absolument éviter tout ce qui contient des graisses, à commencer par le savon de Marseille. Ca ne peut que tâcher les cuirs, en laissant une auréole grasse.

Préférez, de loin, un savon spécial pour cuir. J’utilise depuis plus de vingt ans le saddle soap de la marque Grison (trouvable dans les bonnes cordonneries ou sur internet).

Procédez de la façon suivante : deux seaux d’eau tiède (35-40 degrés maximum) et deux éponges. Le mieux est d’être deux, l’un qui savonne et l’autre qui essuie, en essayant d’humidifier le cuir le moins possible.

En effet ; l’eau fait gonfler la kératine de la peau, et le cuir risque de faire des cloques, de boursoufler.

Il convient de faire ça à l’ombre dans un endroit ventilé, ça permet au cuir de sécher plus vite.

ll est préférable de s’y reprendre à plusieurs fois, plutôt que de trop insister pour retirer toute la crasse en une seule : vous risquez d’abraser la fleur du cuir.

Si jamais vous n’arrivez pas à décrasser suffisamment le cuir, vous pouvez recourir à l’arme atomique : l’acétone. Attention, cependant, vous risquez de brûler le cuir si vous avez la main trop lourde.

Procédez de la façon suivante : commencez par faire un essai sur une partie peu visible pour voir comment le cuir réagit. Toujours mettre l’acétone sur le chiffon, jamais directement sur le cuir. (portez un masque, l’acétone est un produit toxique et TRES inflammable).

Travailler par petites surfaces successives, de 10 centimètres de côté à chaque fois. Changez le chiffon dès qu’il commence à se colorer. C’est assez spectaculaire car on l’impression que toute la couleur s’en va et que l’on est en train de faire une bêtise. De toute façon, on procédera à la re-coloration plus tard. L’important à ce stade est de décrasser complètement le cuir.

Voici à quoi ressemble le cuir après nettoyage complet, la crasse a disparu, en même temps qu’une partie de la couleur.

Laissez sécher pendant au moins 48 heures.

 Re-teinter le cuir

Une fois le cuir réparé, nourri et nettoyé, il reste à le re-teinter. Pour cela, nous choisissons d’utiliser du woolie, un produit anglais de grande qualité, qui a fait ses preuves en matière de soins automobiles...

Il suffit d’envoyer un petit morceau de cuir prélevé dans une doublure pour que l’on vous confectionne la quantité de produit nécessaire dans la teinte choisie.

Avant tout, nous utilisons le produit de nettoyage fourni par woolie, qui dégraisse la surface du cuir, laquelle a été inévitablement graissée lors de la phase de nourrissage à la crème essentielle. Ceci favorise grandement la pénétration de la teinte dans le cuir.

Comme toujours, nous commençons par un petit essai sur un endroit peu visible, en l’espèce le côté intérieur du siège Deux couches de woolie, passées à une demi-heure d’intervalle, et la différence est criant avec le reste du siège, dont la couleur parait terne en comparaison

Une fois que nous sommes satisfaits de la couleur et maîtrisons bien le procédé, nous passons à la mise en couleur du reste de la sellerie.

Nous voyons enfin apparaître quelque chose qui évoque le résultat définitif.

Une seconde couche de teinture quelques dizaines de minutes plus tard, et le résultat est atteint.

Terminez en homogénéisant les teintes, avant de procéder à la fixation définitive des couleurs avec le produit livré par woolie.

Jouons au petit jeu du avant/après

Vous ne constatez pas une "légère" différence ? :-)

Petit rappel, avant le début de l’intervention, le cuir ressemblait à ça !

Bilan, l’intervention se révèle considérablement moins cher que de refaire une sellerie complète (dans une proportion de un à vingt ou à trente). Qui plus est, ceci conserve sa patine à l’intérieur de la voitures, qui a ainsi plus de cachet qu’avec un cuir neuf.

 Autre exemple sur une Rover P6 3500 V8

L’ami Danièle et son perfectionniste de fiston finissent actuellement la restauration de leur superbe Rover V8 première série. Ils me communiquent des photos du résultat des produits Woolies sur les cuirs de leur voiture. Ici aussi, c’est spectaculaire.

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