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Comment reconnaître une pipe Lamberthod ?

D 1er janvier 1000     H 16:58     A Sébastien Canévet     C 0 messages


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La réponse peut sembler évidente, et elle l’est : c’est marqué dessus !

Hélas, ce n’est pas toujours aussi simple...

 Le marquage

En effet, seules certaines pipes produites par Lamberthod sont effectivement signées. Le marquage est toujours plus où moins similaire à celui ci, qui figure sur mon chien.

A gauche, la signature de Louis Lamberthod, au centre le poinçon "racine de bruyère" et à droite "made in France", qui montre la vocation de ces pipes à être vendues à l’international.

Un autre exemple sur mon taureau :

Parfois, les mots "racine de bruyère" sont remplacés par "bruyère véritable".

Une version anglaise existe également, avec l’inscription "real briar". Toujours ce soucis de l’exportation, qui constitue un débouché important pour la firme.

Là où les choses se compliquent, c’est que toutes les pipes produites par Lamberthod ne possèdent pas sa signature, mais comme d’habitude, l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. Je vois trois explications possibles à cette absence de marquage : la fourniture de pipes en marque blanche, le refus de signer des pipes ayant des défauts et le renoncement à signer certaines pipes pour des raisons politiques.

 Les pipes en "marque blanche"

Je suppose qu’une des raisons de cette absence est que Lamberthod fournissait également certains revendeurs avec des pipes sans marque, afin que ceux ci y apposent leur propre marque. C’est sans doute le cas de mon Bacchus, qui a n’en pas douter est bien issu de ses ateliers.

Il ne possède aucun des trois marquages habituels, mais seulement celui ci : Hé oui, à la fin du XIXem siècle, la firme Gambier, en perte de vitesse avec ses pipes en terre, qui se vendent de moins en moins bien, ajoute des pipes en bruyère à son catalogue. Nous savons maintenant que Lamberthod est l’un de ses fournisseurs.

Les pipes ayant des défauts

Il est possible également que Lamberthod n’ait souhaité signer que les pipes de très belle qualité, car certaines provenant incontestablement de ses ateliers mais non signées possèdent quelques défauts. Je pense par exemple à mon zouave, qui est extrêmement beau mais discrètement mastiqué sur la tige (ma photo accentue volontairement ce défaut) :

Ceci dit, ce n’est qu’une hypothèse, qui demande à être vérifiée. Jusqu’à présent, toutes les pipes signées que j’ai pu observer n’avaient aucun défaut alors que celles non signées en avaient souvent, mais je ne demande qu’à en apprendre davantage sur ce point.
(Ajout ultérieur : depuis la rédaction de ce texte, j’ai trouvé des pipes Lamberthod signées avec des défauts, ce qui invalide mon hypothèse)

Les pipes "politiques"

Troisième hypothèse, encore plus hasardeuse que les deux premières : Lamberthod n’aurait pas souhaité voir son nom attaché une tendance politique extrême. C’est possible, car ni sa Philippe VIII (prétendant au trône de France avant guerre, époque de l’Action Française) ni sa Staline ne sont signées. C’est du moins le cas de toutes celles que j’ai pu observer. Ici aussi, je ne demande qu’à être détrompé.

Le cas de sa pipe Pétain est différent, car elle a été produite après la première guerre mondiale, à une époque à laquelle il était considéré comme un héros de la première guerre mondiale. Ceci explique que ces pipes soient signées.

Voyons maintenant ce qui permet d’identifier les pipes non signées.

 La comparaison avec le modèle

J’ai essayé de recenser les différentes pipes existantes et que j’ai publié les photos des modèles ayant servi à les sculpter, ainsi que celles des pipes formellement identifiées.

Attention, la comparaison entre la pipe que vous cherchez à identifier et le modèle en zamac (ou en bois, en plâtre) qui a servi à la sculpter doit être faite avec précaution.

En effet, comme je l’ai expliqué lors de l’étude de la machine conçue et réalisée par Louis Lamberthod, chaque pipe était entièrement finie à la main, seule la forme générale était produite par la machine. Chaque pipe est donc unique, et l’habilité du piper qui a procédé au "peignage" peut avoir donné une expression différente au personnage par rapport à celle présentée en photo.

Il faut donc se fier aux volumes généraux de la pipe, pas aux détails. La forme de la pipe n’est également d’aucune aide, car le même modèle a été utilisé pour fabriquer des pipes droites ou courbes.


(exemple de Bacchus en pipe droite)

Pour les portraits, le travail peut aussi beaucoup différer quand au cou et au buste. Parfois, il y a carrément un plastron, alors que le même modèle a également été fabriqué avec juste le cou du personnage, ce qui donne une allure complètement différente à la pipe.

 Dater les pipes Lamberthod

Il n’est pas facile de dater ces pipes. Ce que nous savons, c’est que Louis Lamberthod a fabriqué sa machine à la fin du XIXem et qu’elle est vendue à la fin des années soixante. Elle est usée et ne servira plus qu’à des démonstrations.

Pour le moment, je ne sais pas quand Lamberthod a arrêté sa production. A mon avis, c’est au plus tôt dans les années trente, il a pu continuer un peu après la guerre.

Dans les années cinquante/soixante, la firme Wally-Frank a vendu des pipes fabriquées à Saint-Claude, soit en boutique soit par correspondance dans le cadre d’un abonnement "The Pipe of the Month" (la pipe du mois). Il est possible que l’entreprise Lamberthod (si son entreprise exerçait encore, ce dont je doute) ai ainsi décroché un contrat avec eux.

Ceci reste une hypothèse à confirmer, car il n’y avait pas qu’un seul pipier qui travaillait avec Wally-Frank. Il est donc tout à fait possible que ces pipes, ou certaines d’entre elles, aient plutôt été fabriquées par Aschenbrenner, succésseur de Dalloz et Dessertine, qui travaillait encore à l’époque. Les modèles vendus par Wally-Frank ressemblent cependant beaucoup aux modèles Lamberthod.

Voici deux extraits du catalogue mensuel de Wally-Frank. Le premier date de 1950.

Celui de 1960 annonce qu’il y a encore quelques modèles de cette série qui sont disponibles.

Il est probable que Wally Frank ait acheté ces différents modèles chez plusieurs fournisseurs, pas uniquement à Saint Claude d’ailleurs, car il se fournissait aussi en Italie. Il faudrait avoir des exemplaires des différents modèles en main pour savoir à partir de quel modèle en zamac ils ont été sculptés.

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